Adolescente virtuose, Marie Dosé a déjà "besoin de s’abrutir" dans le travail, et intègre le conservatoire de Nancy car "Beethoven, vous vous fait beaucoup plus de bien qu'une colère ou qu'une crise de larmes". À 18 ans, une maladie des mains l’empêche pourtant de poursuivre sa vocation : drôle d’aubaine pour celle qui ne "s’autorisait pas à rêver la vie qu’elle a aujourd’hui, à Paris, avocate à la cour d’assises". Puis tout s’enchaîne, Marie Dosé rentre en stage chez Henri Leclerc et "regarde, regarde" celui qui avait un "sens de l’audience impressionnant" ; prête serment à 21 ans ; se mobilise contre Sarkozy "qui transforme la justice en outil de communication politique" ; et fait ses armes auprès de François Cotta, "combattante qui n’avait peur de rien ni de personne". Elle ouvre son cabinet en 2005 après deux ans d’exercice : "j'avais besoin d'être seule face à mon serment, seule face à mes clients en détention et de créer mon propre rapport à la profession". Marie Dosé conçoit "le parloir comme la base du travail d'un pénaliste", refuse qu’on lui impose une défense car son "rôle n'est pas de conforter quelqu'un dans une idéologie qui l'a conduit à commettre le pire". Elle s’insurge contre les magistrats qui en matière terroriste ne savent que "cogner, cogner, cogner" et prend la défense des femmes et enfants de jihadistes que l’Élysée a longtemps refusé de rapatrier. Elle avoue avoir peur car "Daesh nous remercie de rester cramponnés à nos peurs et de ne pas résister au terrorisme avec l’État de droit et avec l’humanité". Libre, et à contre-courant, Marie Dosé milite pour le droit à l’oubli, à la défense, seuls gages d’une société démocratique, et c’est pour ça qu’elle "n’acceptera jamais de se taire".