Avec Alexandre, meurt à Babylone le plus grand conquérant de l’histoire, le seul à avoir étendu un empire sur l’ensemble de l’Eurasie. L’histoire de son grand périple permet de mettre en contemporanéité un vaste espace, de la Méditerranée grecque à l’Inde du Mahabharata. Songe et prophétie se répondent, comme en écho, pour faire du destin d’Alexandre une figure transversale où se superposent le mythe et l’histoire. Tout se passe comme si la "connexion" historique entre le monde grec des cités en crise et celui de l’empire oriental (deux "monstres" historiographiques et historiques) au sein de la figure d’Alexandre avait produit un récit miraculeux et tragique, susceptible de constituer une nouvelle épopée, qui à l’instar de l’épopée homérique allait faire référence durant au moins un demi-millénaire. Car ce qui est en jeu dans l’histoire d’Alexandre — et sa mort révèle cette histoire tout entière — c’est bien ultimement la question du pouvoir universel et de sa capacité à s’étendre vers l’Orient et vers l’Occident.