REPRESSION & REINSERTION
Par Bruno Gousset à partir de Au nom du maintien de l'ordre - "Reculez !"...
Paris, 8 décembre 2018, acte IV des "gilets jaunes". Toute la planète a les yeux rivés sur la capitale française. Pour la première fois, des véhicules blindés sont utilisés pour contenir un mouvement social. Des manifestants sont blessés à la tête, certains vont perdre un œil. Deux ans plus tard, aux États-Unis, lors des manifestations contre le racisme et les violences policières organisées après la mort de George Floyd, des images similaires circulent. Le tournant a été pris une vingtaine d'années plus tôt : les mouvements sociaux, jadis disciplinés, ont laissé place à une accumulation de colères solitaires à laquelle les autorités répondent par une militarisation croissante. Norm Stamper, l'ancien chef de la police de Seattle à l'origine de ce changement de doctrine du maintien de l'ordre, plaide désormais pour une réforme de la police : "Je me suis raconté des mensonges pendant des années. Pourquoi gazons-nous des citoyens non-violents ?"